
Un tremblement de terre cause d’énormes dégâts. Mais, alors que les actualités focalisent les attentions sur les aspects les plus dévastateurs du phénomène, il est très peu question de cette disposition naturelle chez l’homme à remettre un peu de bonheur là où le désastre l’a compromis. A Haïti, où il se trouvait comme logisticien pour la Croix Rouge (CICR), Patrick Plouviez se prend à diffuser ses CD dans une tente pour égayer l’heure du repos de ses camarades engagés comme lui dans l’humanitaire. Un geste, à première vue anodin, mais qui prendra tout son sens quand la catastrophe s’abattra sur lui personnellement.
C’est en Tasmanie en 2016 que le malheur frappe. Patrick Plouviez sort vivant d’un accident mais ses jambes ont subi de multiples fractures. Les médecins font de leur mieux : des vis ici, des barres de fer par-là. Pourra-t-il jamais remarcher ? Le doute rode, et le désespoir s’abat sur lui quelquefois. Comment s’en sortir ?
C’est dans cette phase où l’horizon pour lui s’est considérablement obscurci, qu’il s’aperçoit qu’il tient un fil d’Ariane… C’est que, depuis son initiative à Haïti, il est devenu pour beaucoup l’ami qui mettait sa musique pour égayer les soirées. Pour ceux-là, Plouviez était devenu Plouplou, un surnom qu’il a adopté et qu’il a traîné en différents coins de la planète. Car, engagé dans l’humanitaire, Plouplou est devenu globe-trotter : 66 pays à 63 ans !
Ainsi, d’un peu partout on prend des nouvelles de Plouplou. Puisque, sans sa musique, les soirées sont plutôt ternes. Et c’est ce qui va lui ragaillardir sa morale en berne. Plouplou a alors l’idée de constituer une playlist qu’il mettra en usage libre sur Deezer. Il va sortir ses CD, une fabuleuse collection provenant de ses voyages aux quatre coins du monde. A côté du blues, de la variété française, et du jazz il téléverse de la musique latine ; le joropo de la Colombie et du Venezuela fait remonter le temps et traverser les océans pour que l’on retrouve le fandango espagnol – qui date en réalité du 18e siècle. C’est aussi ce qui mène à l’Angola pendant que la rumba congolaise fait son clin d’œil à Cuba… Ainsi, avec les rythmes multiples qui marquent le temps dans les différentes sociétés humaines, Plouplou essaie de proposer à ses auditeurs sa dérive des continents.
Les soirées réussies?
C’est quand les filles écoutent la musique et se mettent à danser.
Le travail est patient : il s’agit de faire suivre les chansons comme dans une suite logique. Comment réussir l’enchaînement des genres musicaux sans brusquerie, sans que les contrastes ne soient trop criards ? Ce sera son puzzle. Le premier qu’il réussit comprend 2 000 titres. « C’est l’équivalent d’une radio, sans la pub », commente-t-il.
La rééducation, achevée à Maurice, aura été longue. Plouplou s’est accroché à son projet. Il en est aujourd’hui à son quatrième playlist sur Deezer. Environ 8 000 titres ! Et ce n’est pas fini. Il travaille sur sa cinquième playlist. L’idée des soirées festives pour ses amis est un réel sujet de motivation. Et il applique une formule qui, selon lui, marche à tous les coups pour faire des soirées réussies : « Quand les filles se mettent à écouter la musique et qu’elles se mettent à danser… »
« Lève-toi et marche » : la musique a accompagné Plouplou dans ce petit miracle. Aujourd’hui, il ne pense pas qu’il pourrait refaire de l’humanitaire. Il y a l’âge, d’une part, et aussi son accident qui ne favorisent pas de nouveaux engagements. Mais qu’à cela ne tienne, puisque la musique l’a aidé à marcher, il fait en sorte qu’elle permette aux autres de danser.
Bravo pour ce beau parcours 🤩♥️👍
Plouplou, l’aventurier Au grand cœur et à la douce musique qui sait mettre du baume au coeur!